Je sors doucement de mon isolement après avoir eu le covid 19 (oui dans mon monde à moi, c’est LE covid 19 parce que c’est LE virus, que l’académie française n’est ni ma référence, ni ma religion… voilà voilà) et cela m’a beaucoup faite réfléchir sur le principe de guérison.
Comme vous le savez probablement maintenant si vous savez lire entre les lignes, je suis plutôt une sorte d’adepte des maladies de fond comme le burn out par exemple ou encore les troubles du comportement alimentaire (hé oui, me voilà démasquée, maintenant vous savez pourquoi le “selfcare” , dans mon monde, est une question de survis et est devenu, au fur et à mesure, une vraie philosophie). C’est une lignée entière de femmes avant moi qui a “scellé mon destin” et des années de société patriarcale avant elles. Ces maladies sont celles qui viennent vous hurler à l’oreille que vous n’êtes pas sur votre route même si vous vous acharnez à ne pas vouloir voir les signes. Elles sont de celles qui demandent du courage et de l’honnêteté car elles sont de celles qui vous obligent à aller dans les profondeurs de votre psyché.
Je suis ce qu’on appelle, dans les milieux féministes, “une survivante”. J’ai survécu à beaucoup de violence. Cette violence a pris plusieurs formes différentes. Et le fait d’écrire un livre à ce sujet n’est certainement pas un hasard, je crois que ce récit que je co-construis avec vous est la pierre angulaire ou acte final de ma guérison. Dans quelques jours j’aurai 37 ans et je suis heureuse de pouvoir dire que, même si c’est un combat de chaque instant, j’ai enfin vaincu mes TCA ainsi qu’appris à apprivoiser mon feu intérieur et mon égo, pour ne plus jamais devoir renaître une énième fois de mes cendres.
Je ne vais pas vous mentir, ça a été un travail de très longue haleine, très difficile, qui m’a vu passer par de nombreuses étapes plus complexes les unes que les autres. Certaines de ces étapes ont été traversées seule, d’autres avec de l’aide et je suis vraiment très reconnaissante à toutes les personnes incroyables que cette “aventure” a mises sur mon chemin. Pour toutes les personnes qui viennent me voir en consultation en me demandant combien de séances seront nécessaires pour “apprendre”, sachez que ça m’a pris 10 ans de travail quasiment quotidien (sans vouloir vous décourager évidemment mais de nouveau… c’est un processus) et que je suis consciente que je continue à apprendre tous les jours.
Comme me le disait hier une copine au travers d’un échange par messages interposés “Il faut du temps, de la patience et de la consistance” et c’est vrai. J’ajouterai aussi du courage, de la bienveillance (envers soi), une grosse dose de détermination, de l’honnêteté et de la discipline. Soigner sa relation à soi, son corps, son métier (comment je me rends utile dans la société), ses valeurs, ses besoins, ses limites, sa philosophie, son rapport aux autres… C’est certainement l’exercice le plus difficile qu’il soit et aussi probablement le plus enrichissant, le plus sécurisant, le plus alignant. C’est probablement aussi le seul qui permette réellement de ne plus jamais avoir besoin de se dissocier et créer des glitch entre “ce que je suis”, “ce que je montre que je suis”, “ce que je veux être” etc… Faire ce travail c’est s’assurer que “je suis” devient un état suffisant pour exprimer toute la force de ses personnalités en fonction de l’énergie disponible. C’est très difficile et ce n’est jamais vraiment acquis pour toujours mais ça vaut la peine (et cette vérité est évidemment très personnelle).
Alors comment je suis passée d’une infection virale à la guérison du soi pour écrire cet article me direz-vous ? Le lien s’apprête à être un peu tiré par les cheveux mais j’ose quand même… La façon dont le covid 19 nous attaque et s’exprime chez les unes et chez les autres est une donnée qu’on ne sait pas expliquer, terreau fertile, vulnérabilité du corps, du mental, force de l’attaque, paramètres socio-économiques…? Autant de critères qui ne sont pas vraiment définis même si les statistiques semblent bien vouloir nous donner des éléments tangibles sur ce qui fait “une personne vulnérable”. C’est injuste de se dire que certain.es resteront asymptomatiques quand pour d’autres le covid sera en fait la fin de l’histoire. Le directeur du cerden (école de nutrition à Bruxelles où j’ai fait mes classes) avait dit un jour “la santé est injuste, c’est comme ça” et c’est vrai, comme la vie d’ailleurs, comme l’échelle des privilèges qui crée notre tissu social, comme l’endroit où on va naître et les éducateurs que l’on va croiser ou non sur notre route. C’est injuste de se dire que pour celleux qui refusent la fatalité de ces éléments il va falloir mettre dans la balance une énergie folle pour transcender cette injustice… Et pourtant, la seule chose que l’on peut réellement faire, le seul élément sur lequel on a une certaine prise, c’est justement le fait d’essayer et de faire “le job”, tomber, se relever, essayer encore, tomber encore, se relever encore… Jusqu’à ce qu’un jour “ça y est on marche”. Et une fois qu’on a fait ce job, utiliser les connaissances durement acquises pour changer le monde, espérer amoindrir cette injustice pour les générations futures, briser les codes délétères, dénoncer, verbaliser, montrer du doigt, nommer, renoncer, visibiliser, transformer, recadrer…
Je ne suis pas écoféministe par hasard (wink) et mon écoféminisme n’est certainement pas ancré dans le féminin divin qui est un autre mouvement écofem différent du mien dans lequel je ne me retrouve pas du tout (sans jugement, il y a de la place pour tout le monde). Mon écoféminisme est fondamentalement ancré dans les questions de souveraineté alimentaire, de justice sociale et d’intersectionnalité. Ma peau est blanche et je n’ai jamais eu à souffrir de la violence du racisme au quotidien. Mais ma famille de coeur – celleux qui m’ont tout appris, celleux qui m’ont choyée, accompagnée, prise par la main dans les moments les plus charnière – n’a pas la peau blanche, n’est pas en occident pour la plupart d’entre elleux et je ne veux plus qu’iels continuent d’être en première ligne de notre folie occidentale… cela n’a que trop duré !
Et au passage, qu’est-ce qui se trouve dans le bol sur la photo ?
Lentilles corail, Butternut, carottes, et patate douce au four, dés de fêta, olives vertes, sauce yaourt/miel et moutarde. Le tout avec un grand verre de Kombucha pour soigner ma flore intestinale… à la vôtre !
Ha oui… Si vous vous dites que mes présentations ne sont pas “belles” sachez que, comme je le disais dans l’article sur les signes, je me moque pas mal de manger du beau d’après les codes de la société et de la bien pompeuse gastronomie, je mange des couleurs, du sain, du goût, du plaisir, de l’envie, de la joie… wink et je n’ai jamais eu de temps à consacrer à l’esthétique que je trouve être un concept subjectif et superficiel !