L’alimentation comme une métaphore ?

Cher.e.s vous tou.te.s,

Je sais bien qu’une grande partie des personnes qui verront ces quelques lignes sont pour beaucoup des ancien.nes lecteu.rices d’Eats To West qui ont eu l’habitude de mes écrits tantôt découvertes, tantôt recettes et tantôt partages personnels (Si ce n’est pas le cas, “Bonjour, bienvenue !”). A l’époque je n’avais pas encore ouvert les portes de la politique, de la santé, des émotions et surtout je ne savais pas encore comment faire de mes nombreuses passions quelque chose d’utile pour mon environnement et les personnes qui s’y trouvent, ainsi qu’une activité rémunératrice pour pouvoir m’y consacrer à temps plein.

Comme je vous l’expliquais sur cet article qui explique les 6 axes de réflexion que j’utilise pour questionner mon/notre alimentation, c’est bien depuis l’axe personnel que je viens vous trouver aujourd’hui.

Si certain.es d’entre vous m’ont déjà entendue dire que l’alimentation était pour moi une excuse, le voyage ou la nature une métaphore ou encore que l’écoféminisme était ma philosophie, je dois bien avouer qu’en fait absolument tous les sujets que je regarde, les actions que je prends, les rencontres que je fais sont une excuse, deviennent une métaphore et si elles sont validées, prennent part à ma philosophie de vie. Au cas où il soit utile de le préciser, je ne suis pas philosophe, je n’ai jamais étudié la philosophie, ni les grands penseurs (je le ferai quand les penseurs seront des penseuses… wink) mais j’aime dessiner les contours de ce que j’appelle “ma propre philosophie” qui n’est autre que la carte de compréhension que je fais de moi-même, mes émotions, mes réactions, mes modes de fonctionnement au fur et à mesure du temps qui passe. Je ne philosophe donc pas de façon universelle mais bien de façon purement personnelle et/ou collective lorsqu’on partage nos pensées avec mes amies ou mes élèves.

Le 9 mars 2016, je vous racontais ici que j’avais utilisé “le papier toilette” en guise de métaphore pour décrire la place que j’avais l’impression d’occuper dans la société. Le 19 août 2019, je vous avouais à demi mot que “j’en suis à l’étape où je me sens enfin comme une plante moi aussi… une plante à bulbe qui est encore enfermée dans la terre et qui attend son moment pour doucement commencer à faire pousser ses premières tiges”.
Et alors que je déambulais dans mon salon tout à l’heure, tout d’un coup, ça m’a frappé : en jetant un oeil à mon noyau d’avocat qui pousse tout doucement, j’ai réalisé que, sans m’en rendre compte, j’avais donné vie à ma métaphore (je vous laisse imaginer combien je me suis sentie puissamment sorcière juste à cet instant de réalisation). Une plante à bulbe ou un noyau de fruit, c’était la sensation qui était en moi quelques mois après mon burn out. La tige principale, sans aucun doute le lancement de ce site et mes intentions de ne plus travailler qu’avec des personnes bienveillantes, éduquées sur les questions du patriarcat, de l’échelle des privilèges et de toutes les violences faites aux personnes stigmatisées par la société. Et chaque feuille, la promesse de chacun des projets auxquels je souhaite donner vie.

Ce qu’il faut savoir sur ce noyau d’avocat, c’est qu’à chaque fois que j’achète un avocat, je culpabilise. Je sais pertinemment la violence qui se cache derrière la culture de l’avocat (déforestation, travail précaire des populations locales pour servir nos besoins en fruits exotiques de population blanche et privilégiée, emprunte carbone…) mais parfois je cède à la facilité, au plaisir, je cède au système parce que ce n’est vraiment pas facile de vivre complètement en opposition de ce qui nous entoure. Parce que parfois je suis moi aussi fatiguée de constamment me contrôler à titre individuel alors que notre système politique et administratif ne nous entend pas, ou peu.
Un jour j’ai donc acheté un avocat pour faire du guacamole pour un apéro avec mes amies et j’ai jeté ce noyau dans mon compost de façon tout à fait désinvolte.
Alors que je faisais mon nettoyage d’automne sur mon balcon et que je prenais soin de mon compost, j’ai découvert que ce noyau s’était cassé en deux laissant apparaitre ses “entrailles”. Je l’ai sorti du compost et je l’ai planté, toujours autant nonchalamment, dans un bac à plantes dans mon salon. J’avais complètement oublié qu’il était là, enterré sous 1 cm de terre. Alors que je prenais grand soin de ma monstera, qui à ce moment de l’histoire se portait divinement bien, j’ai découvert une pousse. J’ai voulu l’enlever mais par curiosité, je l’ai laissée, pour voir ce qui allait en sortir.
Quelques jours plus tard étaient apparues une grande tige et une première feuille. Je me rappelais alors, en étudiant la forme de la feuille, que c’était bien mon noyau d’avocat qui était en train de prendre racine.
Très rapidement, je comprenais que plus mon avocat poussait, plus ma monstera devenait malade (je n’ai pas encore trouvé de raison logique/scientifique à ce phénomène). J’ai donc décidé de transférer mon avocatier dans un pot pour lui tout seul. En faisant cette manipulation, j’ai cassé une de ses deux racines qui étaient extrêmement longues. Il en a souffert quelques jours puis a repris de plus belle… Il à l’air d’être fort, résistant et rien ne semble pouvoir l’arrêter de grandir.

Vous l’avez probablement compris maintenant, ce noyau d’avocat est issu de ma culpabilité, de mon alimentation, de mon désir de faire plaisir, de ma curiosité, mon lâcher prise et sa transformation est issue, elle, de tous ces apprentissages et aménagements dans mon quotidien que j’ai mis en place depuis 8 ans. Il lui arrive des mésaventures à mon avocatier, des coups durs, mais il est déterminé à pousser et à grandir. Il est devenu, dans mon histoire personnelle, comme un symbole de ma propre histoire. Prendre soin de lui est un rappel quotidien que je dois prendre soin de moi, de mon éducation, partager, transmettre à celleux qui en auront besoin/envie, accompagner.

Quelques éléments plus concrets pour vous expliquer d’où je viens et où je vais :

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