Avez-vous déjà remarqué comme les êtres humain.es peuvent souvent partir d’une bonne intention pour finalement atterrir dans un schéma de manipulation ? C’est vrai dans l’intimité de nos foyers, dans nos amitiés, dans nos relations professionnelles, en politique et évidemment dans le monde de l’industrie puisque c’est de cela dont nous allons parler aujourd’hui.
Quelle est la différence entre les deux situations, la bonne intention et la manipulation, me direz-vous ? Le CONSENTEMENT ! Un consentement clair, demandé, verbalisé et respecté en toute absence de manipulation intellectuelle, émotionnelle ou physique. Autrement dit, un “oui” franc, émis en toute conscience des conséquences.
Le marketing, un outils au service de l’industrie
Le marketing n’est qu’un outil au même titre que l’information, la communication, la sociologie, l’économie, la finance, la physique, la chimie… Il nous aide à comprendre le monde qui nous entoure. Etant un cousin de la sociologie, il a pour vocation de regarder des groupes de personnes, les étudier, les questionner et comprendre leurs besoins.
Jusque là, rien de répréhensible, voir même mieux, sans aucun doute un outil qui, mis au service de l’axe social et de la transformation de notre société vers des objectifs environnementaux, bien-être, bien vivre, pourrait littéralement permettre de grandes transformations sociétales pour nous aider à aller vers ce monde de demain dont nous rêvons tellement.
Pourtant, parce qu’à un moment le monde de l’industrie a un peu perdu les pédales et a choisi de faire de la finance sa religion et du marketing un savant fou au service de l’enrichissement et du capital (oui je caricature) ; L’outil a été détourné pour obtenir des informations permettant aux industriels d’utiliser les réponses de ces groupes analysés pour inventer des besoins et y répondre sans demander le consentement des personnes auxquelles ils s’adressent.
- Sur la stratégie : les conséquences et les buts des recherches et analysent des groupes cibles ne sont jamais clairement détaillés sous couvert du “secret professionnel” (élément fondamental des jeux de compétition dans ces domaines).
- L’utilisation des données : Ces éléments sont encore si peu clairs et si peu transparents que nous signons et acceptons des conditions générales dont nous ne maîtrisons aucun tenants ni aboutissants.
- La communication qui sera faite en utilisant ces données, AKA la publicité en bout de course du plan marketing. Cette publicité, en 2021 dans le cadre de l’industrie agroalimentaire, qui est toujours empreinte de la culture du régime et de la grossophobie, deux éléments qui favorisent les troubles du comportement alimentaire à l’échelle de la société. Je vous en parle en détails dans le workshop “Riots not Diets” .
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Autant dire que, dans un monde où nous ne sommes pas tou.tes éduqué.es de la même façon, n’avons pas tou.tes accès aux mêmes sources de connaissance et d’apprentissage pour analyser ce qu’on nous met tous les jours devant les yeux, le manque de transparence devient alors l’ancrage même de la manipulation intellectuelle. De nouveau, l’intention de départ n’est pas toujours machiavélique, cela serait donner trop d’importance aux esprits des stratèges industriels que de s’autoriser à croire le contraire, mais le résultat est le même, nous faisons des choix dans le flou des conséquences réelles pour nous, notre environnement et notre façon de faire société.
Le nutriscore, un outils marketing de l’industrie agroalimentaire
Maintenant que les bases sont posées, je voulais vous parler aujourd’hui du Nutriscore. Cet outil a été promu par la commission européenne et accepté par les différents gouvernements européens sur base de standards “nutritionnels” développés par la FSA. Il a ensuite été massivement appliqué par l’industrie agroalimentaire sur les packaging des denrées que l’on peut trouver dans les magasins de la grande distribution dès mars 2017, en France et en Belgique notamment.
A la base, l’intention est bonne et fait du sens. Le Nutriscore a pour objectif d’apporter un décodage des étiquettes qui présentent déjà les apports nutritionnels pour 100g, sous forme d’un code à 5 lettres ; A étant la meilleure note, E étant la plus mauvaise note. Plus le produit intègre des fibres, des protéines et des “fruits et légumes”, plus il obtiendra un bon score ; Plus le produit intègre des graisses saturées, du sucre et du sel, plus il obtiendra un mauvais score. Ce qui, d’un point de vu nutritionnel est un raisonnement tout à fait valable… mais incomplet.
Parce que comparer des pommes et des poires ne fait pas plus de sens que classer des produits qui resteront, de toute façon “pas une solution pour un bon équilibre alimentaire” sur une échelle de 1 à 5, le Nutriscore donne l’illusion qu’il existe des produits industriels qui sont nutritifs. En vérité nous savons bien que limiter les calories vides dans une démarche nutritionnelle est une chose, mais valoriser les micronutriments (les vitamines, les minéraux, les oligo-éléments qui préviennent les carences) et s’assurer que les personnes obtiennent bien la dose adéquate de macronutriments (l’énergie nécessaire pour fonctionner) en est une autre.
Le coca-cola light, un exemple symptomatique
Puisque je fais tout un argumentaire détaillé sur cet exemple dans le workshop “riots not diets” qui vous apporte certaines informations sur les questions de politique agricole, de culture du régime, de somatophobie, de grossophobie et de l’impacte de l’industrie agroalimentaire sur la qualité de ce que nous mangeons, je dois aussi rétablir une vérité. Je dis dans le workshop que le Nutriscore du coca-cola light est de “A”, lorsqu’il est en fait de “B”. C’est une erreur de ma part mais qui, néanmoins, ne change rien à mon argumentaire.
“B” nous invite à penser que le coca-cola light est un aliment nutritionnel, c’est à dire bon pour la santé. Pourtant (et j’espère que je ne vous apprends rien à ce sujet), le coca-cola reste une boisson ultra transformée (non naturelle), chimique, composée uniquement de calories vides. La notion de “light” est une information sur le fait que le sucre a été remplacé par de l’aspartame, un composé chimique donnant la sensation sucrée mais n’ayant aucun avantage nutritionnel (le contraire même).
En effet, utiliser des composés chimiques pour avoir la sensation sucrée sans l’énergie que contient le glucose (le sucre) est bien pire pour notre équilibre somatique. Notre corps est complexe mais puissamment intelligent lorsqu’il est en bonne santé. Il a ses propres mécanismes d’auto-régulation qui lui permettent de nous envoyer des influx nerveux lorsqu’il se sent saturé en sucre, par exemple. Contourner ces barrières naturelles en utilisant de l’aspartame fait bien plus de dégâts sur la capacité de notre corps à s’auto-réguler qu’une potentielle surconsommation de sucre. Une surconsommation de sucre peut-être stabilisée, compensée, rééquilibrée, une déconnexion avec notre système d’auto-régulation est bien plus difficile à transformer.
Découvrez la fiche Nutri du Coca-Cola light ici. Je vais passer pour aujourd’hui la question de l’éco-score de “B” également quand on connait l’impact social et économique de l’industrie coca-cola sur notre société et quand on connaît l’impacte de l’utilisation des bouteilles en plastique aujourd’hui sur notre planète (j’imagine que vous voyez déjà où je veux en venir) car je ne connais pas assez bien ce nouvel affichage. Mon petit doigt me dit qu’on va s’en reparler très bientôt.
Faites confiance à votre corps
Je viens de me faire l’avocate de la raison sur la question de ce Nutriscore que je vous invite donc à ne pas respecter à la lettre. Si je n’ai qu’une recommandation de plus à vous donner : réapprenez à écouter votre corps, vos besoins, vos fatigues, votre nervosité, vos aigreurs, vos émotions et osez apprendre, si vous en avez la possibilité, sur tous ces sujets qui obstrues votre capacité à faire des choix. Vous avez le droit de dire oui mais vous avez aussi le droit de dire non, à un niveau personnel, émotionnel, santé, culturel, spirituel ET politique.