Je suis une « capitaliste », d’après mon diplôme très pompeux qui m’a permis d’aller là où on consomme les ressources à un niveau environnemental et humain tous les jours. Comment en sommes-nous arrivés là et comment inverser la tendance ? En 2015, j’ai passé 1 an sur les routes, de la Turquie au Japon, à la recherche de réponses : « le monde de demain », c’est quoi ?
J’ai traversé, à la vitesse de l’éclaire, des scènes qui m’invitaient à réfléchir à la division, la politique, l’addiction, la violence, la révolte, la religion, la souffrance, l’oppression, la précarité, les déchets, la pollution, l’overdose patriarcale… Rappel de la réalité froide et mondiale de notre système. Nous avons créé un monstre.
En parallèle, je découvrais, à la vitesse de l’escargot, les alternatives de transition. Je me suis connectée à ces réseaux plein de vie qui sont animés par la joie, le sens, la solidarité, la connexion entre être-humain.es et nature, le respect, la tolérance, le partage. Ce n’est pas parfait, mais c’est prometteur. Je me suis retrouvée dans des groupes intergénérationnels où le passage des connaissances ancestrales primes sur le succès, où le travail n’existe pas, ayant été remplacé par le plaisir d’accomplir des tâches pour servir le collectif. J’ai découvert la permaculture et l’éco-construction comme deux solutions permettant de répondre aux besoins primaires de la théorie de Maslow pour toutes les personnes laissées pour compte dans ce tumulte géo-politico-institutionnel. Et un jour, alors que je faisais du volontariat dans une école alternative dans la province de Namwon, on me donnait les clefs de la fermentation. Le plus beau cadeau qu’on ne m’ait jamais offert. Ces clefs sont devenues, pour moi, comme une métaphore de cette vision pleine d’espoir pour l’avenir, diamétralement opposée au système qui nous entoure.
La fermentation est une osmose vertueuse entre la nature et les humain.es. Elle est un procédé qui crée la vie de façon entièrement naturelle et qui permet de retrouver l’abondance et la santé à un niveau somatique. Ce procédé demande du temps, de la patience et du courage, trois éléments qui nous manquent pourtant cruellement au quotidien. Et enfin, la fermentation crée du lien, demande d’être partagée, d’être transmise, ce que le Kombucha, maintenant que je suis de retour dans ma région du monde, me permet de prôner comme étant les valeurs de ce changement dont nous rêvons tou.tes. Peut-être suis-je une naïve-marginale de plus… Une éco-terroriste ou féminazi comme on m’appelle souvent. Ou peut-être ai-je eu le privilège de pouvoir prendre le temps de réfléchir, analyser, chercher, trouver, transformer. Dans les deux cas, je prendrai le temps qu’il faudra pour honorer ces connaissances et chaque jour être le vecteur de ce changement auquel je crois.